Avant-propos : le Pont d’Avignon est un joli pont qui porte le nom de la ville dans laquelle il est construit. Il est surtout connu pour la comptine « sur le pont d’Avignon on y danse, on y danse… » et pour être parfois une déception car on l’imagine, on le visualise et lorsque l’on observe de près l’on se rend compte que c’est un pont qui mène à rien (vous ne pouvez pas compter sur ce pont pour traverser la rivière sur laquelle il est construit), ceci étant dit c’est une belle décoration pour la Ville d’Avignon.

Le 26 mai 2020 était rendu public une initiative rwandaise : Rwanda Bridge Builders. L’on apprenait que 36 partis politiques rwandais d’opposition et les associations représentant la société civile s’étaient rassemblés pour mettre en commun leurs forces. Une des ambitions de cette initiative était de briser les murs qui existent entre ceux qui s’opposent à la dictature du FPR en créant des ponts ou un pont.

Dès le départ cette initiative a clivé les Rwandais, elle n’a pas convaincu tout le monde car en son sein y est rassemblés les associations qui militent pour le respect des droits de l’Homme et la Justice véritable et les partis politiques dirigés par des personnes qui ont une responsabilité (dont la justice déterminera la nature) dans la violation d’une partie d’actes qui ont endeuillé le Rwanda et la République Démocratique du Congo. De ce fait la place que cette initiative réserve à la lutte contre l’impunité, l’instauration d’une justice véritable et la promotion d’une mémoire des victimes reste ambiguë pour les uns, un non-sujet pour les autres, un échec déjà actes pour d’autres…et de ce fait cette place soulevait des interrogations ou inquiétudes.

Quatre mois plus tard, ces inquiétudes demeurent. Aussi Rwanda Bridge Builders s’avère être une initiative qui construit en déconstruisant. En effet le 12 octobre 2020, un des partis politiques a fait le choix de quitter l’initiative. Dans un communiqué rendu public par le parti politique Ishema dirigé par Nadine Claire Kasinge, ce parti a dénoncé entre autres un fonctionnement au sein de Rwanda Bridge Builders non démocratique et non transparent « souvent [dans le fonctionnement] la parole est donnée à chaque personne mais à la fin [de la réunion] aucune décision n’est prise, il y est dit que le secrétariat a pris des notes. Ceux qui composent ce secrétariat personne ne les connait, ni ne sait comment ils ont été nommés, ni les critères qui ont été utilisés pour les choisir. Aussi les conclusions que le secrétariat sort ne sont pas souvent pas en phase avec ce qui a été dit dans les réunions dans la mesure où aucune décision n’est actée sur le moment à partir des sujets discutés en réunion. » pouvait-on lire dans le communiqué.

Le 12 octobre 2020 c’était étonnant de voir un parti politique dénoncer un fonctionnement non démocratique dans une initiative composée entre autres par des associations de droits de l’Homme alors que ces dernières restaient silencieuses.

Il a fallu attendre ce 29 octobre 2020, à l’occasion de la diffusion d’une lettre datée du 20 octobre 2020 pour réaliser que dans les 36 membres du départ deux associations et non des moindres (pour moi) car elles donnaient l’espoir sur l’aspect respect droit de l’Homme dans cette initiative semblent ne plus en faire partie. Il s’agit de Global Campaing for Rwandan’s Human Rights et d’Amahoro Iwacu.

Sans aucune communication, Il est prématuré de penser que ces deux associations ont quitté Rwanda Bridge Builders mais leur absence parmi les signataires de la lettre de RBB envoyé à l’Union Africaine est de nature à interroger !

A la liste des trois s’ajoute le RDI de Faustin Twagiramungu qui a annoncé qu’il ne fera pas partie de cette initiative.

Qui sera le prochain à ne pas figurer sur la liste des signataires ? les paris sont lancés

Alice Mutikeys