Rwanda : Journaliste Phocas Ndayizera, il plaide non coupable

Rebondissement dans le procès du journaliste Phocas Ndayizera, il a plaidé non coupable ce 19 novembre 2019 à la section terroriste du tribunal de grande instance de Nyanza dans le sud du Rwanda. Retour sur cette première journée.

Nota : l’arrestation ainsi que les premières séances du procès de Phocas Ndayizera sont couvertes dans cet article (lien vers l’article), en prendre connaissance facilitera la compréhension de celui-ci.

Les faits nouveaux

Pour un petit rappel, le 21 décembre 2018, lors de l’examen de la demande de mise en liberté du journaliste Phocas Ndayizera, le juge avait informé la cour qu’au cours des premières audiences, tenues à huis clos, le journaliste et ses co-accusés avaient avoué être responsables des faits qui leur sont reprochés. Le premier élément nouveau est la rétractation des accusés sur ces aveux. Le second élément est l’apparition des nouveaux co-accusés qui seront jugés en leur absence, le parquet ayant dit ne pas savoir où ils se trouvent. Il s’agit Jules Binunimana, Alexis Kwitonda et Tembo.

L’accusation

Phocas Ndayizera et ses camarades sont accusés de conspiration contre les autorités rwandaises, d’appartenir aux organisations terroristes, de complot et incitation aux actes terroristes et d’utilisation des dynamites dans un cadre hors la loi.
Dans les faits, il leur est reproché d’avoir voulu exploser des infrastructures à Kigali à l’aide des dynamites. Ces infrastructures sont les réservoirs d’essence situés à Gatsata, l’usine de production électrique à Gikondo et l’usine de production d’eau situé à Nzove.
Selon le parquet, Phocas Ndayizera était à la tête de ce complot terroriste et se serait associé à Cassien Ntamuhanga, son ami de longue durée. Pour preuve le parquet a montré une conversation WhatsApp entre Phocas Ndayizera et Cassien Ntamuhanga, ce dernier se serait engagé à fournir 15 000 dollars pour financer le projet.
Le parquet reproche Ndayizera d’avoir recruté Karangwa Eliaquim (co-accusé), expert en moyens informatiques dont la participation aurait été d’enclencher les explosifs à l’aide des méthodes « WIFI ».

Le parquet en difficulté

Le parquet a été surpris du fait que tous les accusés aient plaidé non coupable. Le procureur qui devait démontrer les faits reprochés à chaque accusé, n’a pu le faire que pour trois accusés : Ndayizera, Karangwa et Ntamuhanga. Aux autres Il leur reprochait collectivement d’avoir accepté de participer au projet, de détester le Rwanda et d’avoir été sur les lieux cités ci-haut pour vérifier si les explosions avaient eu lieu.
Le procureur a évoqué d’autre faits divers comment l’utilisation d’un langage code (un comprimé pour évoquer la dynamite, un médecin pour évoquer celui qui allait les enclencher) et l’utilisation des faux noms.
Le président de la cour a insisté auprès du procureur pour qu’il soit précis dans ses accusations portées pour chaque accusé afin de permettre aux accusées de pouvoir se défendre individuellement. Face aux difficultés du procureur, le juge a fini par l’interrompre en demandant « qui a fait quoi, où et quand ? ».
Le procureur a demandé une pause à la cour pour consolider le dossier d’accusation. À la suite de la décision du juge, le procès reprendra dans 10 jours soit le 28 novembre 2019.

Alice Mutikeys

Un commentaire

Laisser un commentaire