Deux enfants de 7 et 12 ans vivent seuls et isolés dans leur maison après que leurs parents aient été emprisonnés illégalement par les autorités rwandaises. Leur père a donné en mains propres la cotisation pour le FPR à un responsable locale qui ne l’a pas remis au FPR et leur mère n’a pas pu payer la taxe pour la sécurité d’un montant de 1000Frw (~0,9€).
C’est Radio & TV10 qui a fait le reportage, le journaliste qui avait eu vent de ce fait divers triste s’est rendu au domicile de la famille, il a bien trouvé les enfants de 7 et 12 ans isolés dans leur maison sans aucun adulte pour les protéger.
Les voisins ont raconté au journaliste qu’au départ le père des enfants a été emprisonné, il aurait frappé et blessé une autre personne. Il a d’abord été détenu à la prison locale, dans la cellule de Kagugu, le district de Gasabo à Kigali. Il a par la suite été conduit dans le centre de transit pour les enfants de rue ou les délinquants connu sous le nom de « Kwa kabuga ». C’est une incompréhension pour les voisins qui se demandent comment un chef de famille a été emmené dans un centre pour les enfants de rue ou délinquants. Les voisins racontent que l’homme est connu pour être honnête et respecter tous les programmes du FPR, il a toujours payé toutes les taxes, les frais de scolarités de ses enfants… Rappelons que le FPR est le parti unique qui gouverne le Rwanda depuis 1994 et dirigé par le dictateur sanguinaire Paul Kagame.
Les voisins ont expliqué que tout a commencé lorsque le père de famille a remis en mains propres sa cotisation pour le FPR, une cotisation obligatoire pour tous les Rwandais, à un des responsables locaux. Ce dernier a gardé la somme pour lui. Il a été surpris lorsque dans l’assemblée des citoyens son nom a été cité parmi la liste de ceux qui n’avaient pas cotisé. Il a lors demandé pourquoi et de fil en aiguille a fini par designer celui à qui il a remis la somme. Ce dernier n’a pas nié ou confirmé les dires du père de famille, il a plutôt demandé que l’homme soit provisoirement détenu dans la prison locale et qu’ils allaient discuter du cas à la fin de la réunion.
A la fin de la réunion tout le monde est rentré chez lui. Le lendemain au matin la mère de famille, qui avait attendu son mari en vain toute la nuit est partie voir son mari en lui apportant une veste pour se protéger du froid, elle a été surprise de ne pas le retrouver au centre de détention local et on lui a dit que son mari avait été conduit chez Kabuga. On lui a dit que son mari se serait battu et blessé avec un des agents qui font la ronde de nuit, lorsqu’elle a demandé le nom de celui qu’il avait blessé, ils n’ont pas été en mesure de lui répondre à la place ils lui ont retorqué que frapper un de ces agents équivaut à frapper tous les agents chargés de la ronde de nuit au Rwanda.
Le chef de famille avait un petit job d’aide-maçon et arrivait à faire vivre sa petite famille. La mère de famille est rentrée chez elle et a continué à faire des petits jobs comme faire la lessive pour les autres pour arriver à nourrir ses enfants. Après deux mois en essayent difficilement à joindre les deux bouts, la mère de famille a été réveillée par une personne qui frappait à la porte. Lorsqu’elle a ouvert la porte, elle se retrouve face à un agent de ronde qui lui demandait la taxe pour la sécurité. La taxe pour la sécurité est une taxe locale qui s’ajoute à tous les impôts que les Rwandais payent. Cette taxe sert à payer les agents de ronde de nuit supposés assurer la sécurité des quartiers.
La mère de famille a expliqué à l’agent qu’elle n’avait rien sur elle et qu’elle ne pouvait pas payer cette taxe depuis que son mari était en prison. La réponse de l’agent a été de l’emmener en prison en laissant seuls les enfants.
Depuis les enfants vivent dans une petite maison d’une chambre et un salon, le plus âgé est une jeune pré adolescente de 12 ans qui a pris le rôle du chef de la famille. Lorsque le journaliste les a interrogés pour savoir leurs conditions de vie, les enfants sont mis spontanément à pleurer sans arrêt. Il a été obligé le leur acheter un soda et du pain pour qu’ils reprennent leurs esprits.

La fille de 12 ans a répété au journaliste les conditions d’arrestation de leurs parents et a jouté que : «Nous vivons en mendiant, parfois nous ne mangeons pas à midi et parfois même la nuit ».
Les voisins ont confirmé au journaliste que les enfants vivent dans des mauvaises conditions à la fois sanitaire et sécuritaire sans aucun responsable ni protection. Un des voisins a dit que de temps en temps il nourrit les enfants mais qu’il n’a pas les moyens de le faire tout le temps.
Le journaliste a appelé le secrétaire exécutif du secteur de Kinyinya, Vuguziga Charles, qui a répondu qu’il n’était pas au courant de la situation. Il a dit que le secteur avait immédiatement discuté avec les membres de famille de ces enfants pour leur demander de trouver un moyen de les prendre en charge pour que les aides puissent passent dans la famille qui allait les accueillir.
Les voisins ont été surpris de l’entendre dire qu’il ne connaissait pas la situation alors que les arrestations ont eu lieu dans la même cellule et secteur sous sa responsabilité. Ils ont été stupéfiés l’entendre nier que la mère de famille a été emprisonnée pour n’avoir pas payer la taxe pour la sécurité. Selon lui « le père des enfants a frappé et blessé une autre personne et leur mère s’est aussi battue avec une autre personne et a été emprisonnée pour trouble à l’ordre public ». Le secrétaire exécutif n’a pas pu communiquer au journaliste le lieu d’emprisonnement du couple.
Ses réponses ont laissé perplexes les voisins du couple qui ont commencé à se demander comment un secrétaire exécutif pouvait dire qu’il ne savait l’endroit où les personnes sous sa responsabilité sont enfermées alors que cela fait partie de son travail. Pour les voisins tous les dires de Vuguziga Charles sont des mensonges car la veille il avait dit à un autre media, Flash FM, que la mère de famille s’était prostituée et le responsable de la cellule avait lui dit qu’elle avait été prise en flagrant délit de vente de drogues.

Ce fait divers triste est une goutte d’eau dans l’océan des injustices que subit le peuple rwandais. L’avenir de ces enfants est inquiétant. On peut se poser la question comment les autorités rwandaises ont mis en place une taxe pour la sécurité qui au final est un moyen de maintenir la population dans la pauvreté car les citoyens croulent sous la multitude des taxes à payer. Le comble pour cette taxe est qu’elle est une des sources de l’insécurité pour le peuple. La propagande occidentale dira que le FPR a rendu le Rwanda sur, pour pouvoir fermer les yeux sur les exactions commises par le PFR et le financer, cette propagande ne dira jamais le prix que les Rwandais payent pour que le FPR fournisse aux occidentaux une illusion d’un pays parfait.
Alice Mutikeys