L’image qui accompagne mon texte veut tout dire. Une conviction est « une certitude raisonnée ». Les gens qui fonctionnent par conviction sont les plus difficiles à corrompre, leurs idéaux passent avant et ils ne feront pas de compromis. Ils choisissent leurs combats en fonction de leurs convictions. Dans une dictature, s’ils sont convaincus que la démocratie est la meilleure solution, ils seront éliminés en premier où seront poussés à l’exil.
Je fais peut-être un mélange étrange mais d’une part j’ai tendance à confondre les trois hommes et d’autre part il y a plus d’un dénominateur commun au trois. Je vais en citer deux ils ont été abattus par le FPR et pour leurs convictions.
Visionnaires, intelligents et défenseurs de la Justice sociale, ils sont le symbole que la société rwandaise souffre d’une maladie intrinsèque. Elle a éliminé petit à petit ses bons leaders. Ceux qui portaient la voix de la paix.
Alors je rends hommage à
25 ans plus tard
Gatabazi Félicien (assassiné le 21/02/1994)
« Félicien Gatabazi, ministre des Travaux publics et de l’Énergie était une des personnalités les plus connues et respectées de l’opposition interne. Fondateur et secrétaire général du PSD, il assurait l’unité du parti et incarnait les aspirations de la grande préfecture du sud, Butare.
« Cet adversaire historique du président Juvénal Habyarimana prit toutefois ses distances avec le FPR dès la fin de l’année 1993. Alors persuadé que le FPR voulait prendre le pouvoir par la force, il déclara dans un meeting de son parti tenu à Butare quelques jours avant son assassinat, que “le PSD n’ayant pas été un valet du MRND, se gardera d’être un valet du FPR »
26 ans après (assassiné au mois de mai 1993)
Emmanuel Gapyisi
« En mai 1993, j’étais en mission à Kigali pour le suivi de programmes de développement BIT/Banque mondiale dont la supervision technique nationale incombait à Emmanuel Gapyisi à la tête d’un bureau d’études techniques. Dès mon arrivée, le 7 mai au soir, il m’expliqua longuement ses projets. D’après lui, son initiative était susceptible de bouleverser totalementla scène politique et de mettre le Forum « Paix et Démocratie » au centre de l’échiquier.
Le plus important alors pour nous
était qu’il fallait précipiter les choses et éliminer les politiciens les plus dangereux pour notre stratégie. À ce moment-là, ce fut Gapyisi. Gapyisi était un visionnaire, certainement le plus intelligent. Il a été le premier, bien avant Gatabazi, à se rendre compte que le FPR voulait tout le pouvoir et qu’il n’y aurait pas de place pour l’opposition. S’il avait compris cela, il devait aussi comprendre qu’il allait mourir ».
21 ans après, celui qui m’inspire beaucoup Seth Sendashonga
« En à peine une année en tant que ministre de l’Intérieur, Seth Sendashonga écrira au total 762 lettres à Paul Kagame, ministre de la Défense à ce moment et véritable homme fort du Rwanda. Pas une seule de ces lettres ne trouva réponse. Pour Sendashonga, ce silence fut un aveu que ces massacres étaient planifiés et cautionnés par le plus haut degré du commandement militaire de l’APR. Peu avant son assassinat, Sendashonga racontait ainsi la situation : « J’ai cherché à discuter de ces problèmes avec le Général Kagame, je lui ai dit ce que j’avais sur le cœur, je lui ai dit qu’il était tributaire d’une armée dans laquelle le mensonge avait pris racine dans toute la structure du commandement. » »
A chaque fois que je pense être fatiguée et qu’il faut que je prête ma voix à ceux qui ne le peuvent pas. Je pense à ses 762 lettres en un an et retrouve de la force.
Big up à tous les Rwandais pacifistes, on peut tuer les hommes et non pas leurs idées. Les graines que ces trois grands hommes ont planté porteront leurs fruits un jour.