Ce vendredi 19 Novembre 2021, le conseil de Paris a approuvé la dénomination d’une place située dans le 18ème arrondissement de la capitale au nom d’Aminadabu Birara. C’est sous son leadership que la résistance à Bisesero contre les civils, les militaires et les Interahamwe s’est organisée.

Pendant plus de trois mois, de 7 à 77 ans, les habitant des collines Bisesero ne vont pas accepter d’être massacrés sans se défendre. A titre personnelle je suis très reconnaissante au conseil de Paris d’avoir reconnu le courage des habitants de Bisesero pendant le génocide. Au-delà de cette reconnaissance, c’est un honneur pour moi de voir une place de Paris porter le nom d’un compatriote.
Ce matin je me suis rapprochée d’une personne originaire du coin et qui connait bien ce qui s’est passé à Bisesero. Il convient de noter que cette personne est apolitique et agit pour que le Rwanda redevienne un Etat de droit en militant pour que la dictature sanguinaire du Front Patriotique Rwandais soit stoppée. Voilà ce qu’il m’a racontée : « Pendant trois mois, de l’enfant à la personne âgée, les gens de Bisesero, sous son leadership, ont affronté les civils, les soldats et les Interahamwe. Aminadabu Birara a beaucoup résisté et mérite amplement cette place [reconnaissance] ».
En cherchant d’en savoir plus, voilà ce que raconte un article de Libération[1] publié en 1998 : « Aminadabu, tué vers la fin du génocide, et Simon organisent les troupes. Lors des attaques, au lieu de fuir, ils se tentent de dissuader les miliciens d’utiliser les grenades. Ils tuent au bâton, tandis que femmes et enfants lancent des pierres. Mais les assauts se répètent, les troupes s’amenuisent. Vers le 20 avril, Hutus et Twas abandonnent les Tutsis. Femmes et enfants ne courent pas assez vite. Ils seront les premières victimes. A chaque fois, les assaillants reviennent avec de nouvelles armes, fournies notamment, selon les témoignages recueillis par African Rights, par l’homme d’affaire Obed Ruzindana[2], actuellement en procès au Tribunal international pour le Rwanda à Arusha ».
Même si le FPR instrumentalise le génocide pour rester au pouvoir, ce génocide est malheureusement une triste réalité. Il a fait des victimes et des héros et a des responsables qui doivent répondre de leurs actes devant la Justice.
Que ton âme continue de reposer en paix Aminadabu Birara.
Alice Mutikeys
[1] https://www.liberation.fr/planete/1998/04/03/en-1994-50-000-morts-a-bisesero-un-rapport-revele-l-horreur-d-une-tuerie-au-rwanda_234759/
[2] Obed Ruzindana a été condamné à 25 ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).