« Kizito MIHIGO a été un vrai témoin du Christ mais ses témoignages dérangeaient »

L’arrestation de Kizito Mihigo suivie par sa mort 4 jours après  me laisse sans voix et une multitude de questions sans réponses se succèdent dans ma tête.

Je suis une anonyme et une mère qui a un enfant de son âge. A travers mon enfant je me suis demandée comment je me serais  sentie si Kizito avait été mon enfant.

A partir de cette pensée, la douleur traverse tout mon corps et mon âme. Je pense alors à la maman de Kizito et aimerais la réconforter bien que je ne la connaisse pas.  Toutes mes sincères condoléances à elle, à la petite sœur et petit frère de Kizito. J’imagine votre profonde douleur, beaucoup de  questions sans réponses qui vous rongent l’esprit. Il n’y a pas de mots pour sécher vos larmes. Que le Christ seul soit avec vous  et que l’Esprit Saint vous accompagne minute par minute, seconde par seconde le reste de votre vie avant de rejoindre le vôtre, Kizito Mihigo.

Kizito s’en est allé. Je ne connais pas Kizito ni de A ni de Z. Je l’ai connu juste à travers ses chansons  qui m’aident à mieux prier le Christ, notre Sauveur.  Je les aime tous mais celle qui me touche le plus est « Yohani » dont le message, pour moi, est la recherche de la toute petite lumière qui brille au fond de nous, même si les ténèbres l’empêchent parfois de nous éclairer, pour suivre la vraie et grande lumière qui est le Christ.

Après sa sortie de prison, j’ai pris Kizito Mihigo pour un modèle de chrétienté. Au fur et à mesure que le temps avançait, je me suis mise à méditer davantage  sur le chemin de ma foi. J’ai vu en lui mon modèle du vrai  pardon, d’une vraie réconciliation, de l’Amour du Christ et de mon prochain. Pardonner son bourreau n’est pas facile. Il faut s’armer d’humilité, de persévérance et de bonté pour y arriver, c’est ce qui m’a attirée dans l’attitude de Kizito. Je le sais car j’ai vécu de telles situations à plusieurs reprises. Mais je ne suis pas à la hauteur de Kizito même pas à sa cheville. Avoir connu Kizito à travers ses chansons a fait grandir en moi la volonté d’arpenter ce chemin où l’on rencontre pas mal d’embuches, d’épines…La prière, l’adoration du Christ et le chapelet nous y aident.

Un jour il demanda aux publics qui le suivaient quel chant voudrions-nous qu’il nous chante. Ma demande fut « Mana wankijije » pendant le carême. Plus le temps de carême  avançait, plus je ne voyais rien venir. Vers la fin di carême il le chanta enfin. Je voulais lui demander une autre chanson mais je n’ai pas osé. Je me suis dite que j’allais beaucoup prier l’Esprit Saint pout qu’un jour il la chante. Un beau jour il l’chantée « Mutima udukunda cyane ». A partir de ce moment, Kizito faisait parti des miens même s’il ne le savait pas. Je le prenais comme mon propre fils et priais beaucoup pour lui.

Depuis qu’il s’en est allé, je le pleure comme mon fils, je ne dors pas, je suis dans une immense tristesse ; mon cœur est brisé.

Ce matin, depuis que j’ai entendu sa dernière chanson qu’il n’avait pas encore publié « Hataka Nyirubukozwemo, Nyiruteruranwe akebo akinumira », j’ai compris pourquoi il est parti, la méchanceté de ce monde le rendait triste. Jésus l’a bien dit : Aucun prophète n’est reconnu  par les siens. Malgré les miracles innombrables  du Christ, les siens de l’ont pas reconnu et l’ont crucifié. C’est également pareil pour Kizito. Il a été un vrai témoin du Christ mais ses témoignages dérangeaient comme Jean Baptiste qui déplaisait  le roi Hérode. Celui-ci a fini par le faire décapiter.

Kizito, tu n’es pas mort mais tu es vivant auprès de celui que tu as aimé, suivi et témoigné. Tu as allumé un flambeau de la paix dans les cœurs des rwandais. Le pardon, la réconciliation pour faire grandir l’amour universelle dans nos cœurs afin de rendre grâce à Dieu.

Soyons miséricordieux comme le Père  et pardonnons ceux qui ont harcelé Kizito jusqu’à la mort.

Kizito, pour moi tu es à la droite de notre frère, le Christ ;  prie pour nous.

C’est pourquoi je garderai cette photo où on te voit sourire comme un souvenir précieux. Tu es souriant avec le signe d’un cœur d’amour universel envers les autres car avant d’être Twa, Hutu, Tutsi, Rwandais, nous sommes d’abord des humains.

Warazwe n’ubumuntu ubuzima bwawe bwose, dusabire abagukunda gukuza urukundo muri twe, urukundo rutagira imipaka.

Ugiye ukiri muto ariko ntuzahambananwa ikara nkuko abanzi bawe bibwira. Wibarutse benshi mu bikorwa byawe usigiye u Rwanda n’isi ho umurage.

Bantu dukunda Imana kandi twiyumva muri Kizito, mureke duhagurikire gukuza ibikorwa bye, amaraso ye yo kwibagirana.

Une anonyme, rescapée

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