Réfugiés: Au Malawi, ils risquent de subir des violences xénophobes après les directives du gouvernement

Par Claude Gatebuke

Article original en anglais publié par Blackstarnews

Suite à l’ultimatum de 14 jours lancé par le gouvernement, les réfugiés et autres immigrants se préparent à subir des pillages et des violences xénophobes.

Lilongwe, MALAWI (21 avril 2021) – Près de 50 000 réfugiés ont reçu l’ordre de quitter les villes et villages où ils vivaient et travaillaient pour être relogés dans le camp de réfugiés de Dzaleka, à environ 40 km de la capitale, Lilongwe. Ce camp a une capacité d’accueil de 10 000 personnes. Les réfugiés ont reçu un ultimatum de 14 jours, jusqu’au 28 avril 2021, pour vendre tous leurs biens, retirer définitivement les enfants scolarisés de la classe au moment où ils se préparent à passer leurs examens, quitter leur petit commerce ou leur emploi et se réinstaller dans le camp de réfugiés déjà fortement surpeuplé. Et ce, alors que la pandémie de COVID-19 a touché le camp de réfugiés de Dzaleka plus que la plupart d’autres localités.

La majorité des 50 000 réfugiés avaient fui la région des Grands Lacs (RD Congo, Burundi et Rwanda) et sont arrivés au Malawi du milieu des années 90 à ce jour. Le Malawi a été très accueillant et, avec le HCR, il a apporté un minimum de soutien. Mais pour avoir une vie décente, de nombreux réfugiés ont demandé le droit de quitter le camp afin de pouvoir entreprendre des petites entreprises, aller à l’école ou trouver un emploi pour avoir une meilleure chance d’avoir une vie décente et surtout pour l’avenir de leurs enfants. Depuis 2006, le HCR et le gouvernement malawite donnent aux réfugiés qui le souhaitent des jetons qui leur donnent le droit de quitter le camp afin qu’ils puissent être autonomes par tous les moyens légaux, tout en renonçant à la nourriture et aux autres moyens de subsistance qui leur sont accordés par le HCR dans le camp, mais en conservant la protection des réfugiés telle que stipulée par la Convention de Genève. De nombreux réfugiés sont mariés à des partenaires malawites. Beaucoup d’enfants sont nés au Malawi et poursuivent actuellement leurs études ou sont employés un peu partout dans le pays.

 » Les réfugiés sont l’un des groupes les plus vulnérables en tant que tel

Compte tenu de ces éléments, il est donc d’autant plus étonnant que le gouvernement du Malawi ait pris la décision, par la force si nécessaire, de relocaliser ces réfugiés et demandeurs d’asile, éventuellement leurs partenaires et enfants malawites, dans un camp de réfugiés déjà surpeuplé et dépourvu d’infrastructures sanitaires et éducatives adéquates. Une fois dans le camp, ces réfugiés devront survivre avec pas beaucoup plus que l’équivalent de 7 USD par mois par membre de la famille.

D’autres immigrants qui ne sont ni réfugiés ni demandeurs d’asile, comme les investisseurs étrangers ou même les anciens réfugiés qui ont obtenu la nationalité malawite, craignent également les conséquences telles que les violences xénophobes et les pillages qui pourraient suivre la date limite du 28 avril 2021. Les terribles souvenirs des violences xénophobes et des pillages que les immigrés en Afrique du Sud ont endurés en 2019 reviennent rapidement à l’esprit.

« Le gouvernement devrait adhérer aux principes des droits de l’homme lorsqu’il met en œuvre son action. Il est important de se conformer au droit international des réfugiés. Les réfugiés sont l’un des groupes les plus vulnérables en tant que tel, le gouvernement devrait s’assurer qu’ils exécutent les actions dans le cadre des lois de ce pays et du droit international des réfugiés », a commenté la Coalition malawite des défenseurs des droits de l’homme (HRDC).

Lorsque les représentants des réfugiés se sont récemment adressés au HCR pour qu’il intervienne comme médiateur dans cette situation, le HCR s’est abstenu de tout commentaire et de toute autre action visible.

Les réfugiés, demandeurs d’asile et autres immigrés appellent la communauté internationale à leur venir en aide alors qu’ils font face à cet ultimatum contre lequel ils n’ont d’autre solution que de plaider pour l’empathie et la sympathie de la communauté internationale.

Si vous souhaitez plus d’informations sur ce sujet, veuillez appeler Elie Umukunzi au +265 994 952 522 ou lui envoyer un e-mail à elie.umukunzi@gmail.com et voir aussi https://www.nyasatimes.com/hrdc-warns-malawi-govt-on-relocation-of-refugees-to-avoid-sparking-xenophobia/

En pièce jointe, vous trouverez des copies de lettres adressées au gouvernement du Malawi par des réfugiés et des immigrés ainsi qu’un article d’un journal malawite sur la situation actuelle.

Claude Gatebuke

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