Umutesi Francine et son fils Faustin Hategikimana dorment dans un bananier à Kigali. Comme des milliers de pauvres à Kigali leur maison a été démolie par les autorités rwandaises, sous prétexte de leur mettre à l’abri à cause des fortes pluies qui étaient annoncées. Pour en savoir plus ce programme de démolition, vous pouvez consulter cet article : Cachez – moi ces pauvres que je ne saurais voir. Ce billet relate l’histoire de Francine, une des victimes de ce programme dont l’état de santé de l’enfant est préoccupant.
Dans une vidéo difficile à regarder, la mère présente son fils de 12 ans en admettant qu’il est mal nourri et présente un retard de développement lié en partie à la précarité de leur famille. L’enfant a 12 et ne parle pas, ne peut pas mâcher, ne marche pas. Sa mère lui a fait passer de nombreux examens médicaux et raconte que les médecins lui ont dit que « L’enfant a un grave problème au cerveau, qui ne fonctionne pas, que pour lui la médecine ne pourra rien ».
La famille de trois enfants campe dans un bananier depuis le 14 décembre 2019 lorsque l’Etat rwandais a démoli leur maison du jour au lendemain.
Le 28 décembre 2019, plus d’une semaine après la démolition de leur maison, un autre journaliste rendait visite à la famille. La situation avait empirée : « Cet enfant sans aucun doute va mourir dans mes bras. En temps normal nous n’avions rien, nous n’avions pas de quoi nous nourrir ou nous habiller et l’Etat vient de démolir notre abri de fortune ! Mon enfant est né avec un handicap, j’ai tout fait, j’ai fait faire tous les examens médicaux. Ils m’ont demandé de prendre soin de lui en attendant une issue…Cela fait plus de douze ans que j’essaye. C’est qui me torture l’esprit est que l’état ait pu démolir ma maison, mettant dehors avec un enfant handicapé sans nous indiquer où aller, nous en sommes réduits à dormir ici dans un bananier, sans rien pour manger, sans rien pour nous habiller, sans aucune valeur » a raconté la maman.
Officiellement les démolitions visaient à mettre à l’abri les habitants des zones à risques (considérées par les autorités rwandaises comme marécageuses ou inondables) en prévision de fortes pluies qui étaient attendues à Kigali à la fin de l’année. La violence humaine qui a accompagné ce programme de démolition dépasse ce que beaucoup de personne peuvent supporter et tolérer. La fameuse résilience du peuple rwandais a encore été au Rendez-Vous.
L’article 25 de la déclaration universelle des droits de l’Homme stipule que : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ».
L’histoire de cet enfant me tourmente l’esprit, même si la médecine ne peut rien pour lui, il a le droit à un minimum de dignité. Une âme charitable (je pense aux journalistes qui ont couvert cette histoire) peut-il me donner les nouvelles de la famille ?
mis à jour : grâce aux dons la famille, un logement a pu être loué pour la famille. La famille reste dans la précarité extrême.
Alice Mutikeys