Rwanda : FPR Une violence étatique qui exaspère les citoyens

Dans quelques jours la grande majorité de Rwandais vont commémorer le deuxième anniversaire de l’assassinat de Kizito Mihigo par le Front Patriotique Rwandais, le parti unique qui monopolise le pouvoir au Rwanda depuis 1994. Le mois de février est symbolique car c’est aussi dans ce mois que madame Idamande Iryamugwiza Yvonne, une mère isolée de quatre enfants, a été injustement arrêtée et incarcérée (le 15 fevrier 2021), le poète Bahati Innocent a été forcé à la disparition depuis le 07 février 2021. Si l’injustice qu’ont subie ces personnalités touche la masse, les citoyens lambdas, en nombre, sont les premières victimes d’un pouvoir dictatorial et sanguinaire. Nous pouvons citer pour exemple Daniel Masengesho, un jeune de 20 ans qui a été abattu à la prison de Rusizi, dans l’ouest du Rwanda, un mercredi 24 février 2021. Dans cet article nous allons faire un tour d’horizon de la violence étatique au Rwanda dont couverture médiatique donne l’illusion que la violence au Rwanda a augmenté ces dernières années alors qu’en réalité elle n’a jamais cessé depuis l’arrivée au pouvoir du FPR. C’est Notre façon de rendre hommage à nos héros.

Au fil du temps, nous constatons souvent au Rwanda des responsables politiques intronisés par le Front Patriotique Rwandais (FPR) pour diriger les instances locales et nous voyons d’autres responsables être renvoyés sans raison. Les nouveaux reçoivent à chaque fois des consignes et une formation sur les politiques du FPR avant d’exercer leurs fonctions. Une fois en place, ils deviennent des espions de leurs compatriotes, en effet aux propres dires du secrétaire d’État au ministère de la Jeunesse et des Sports, Edouard Bamporiki, les autorités passent beaucoup de temps à éviter les pièges tendus par leurs camarades.

En 2021 un des thèmes de 10 jours pour commémorer Kizito est la réflexion sur l’espionnage entre citoyens

Ces derniers, une fois parmi la population, ne font rien d’autre que battre à mort des innocents, les torturer, leur infliger des punitions sans dignité humaine et parfois les mettre en prison sans tenir compte de la présomption de leur innocence. Toute personne présentant un certain niveau intellectuel et une indépendance de la pensée est malmenée souvent tuée ou emprisonnée. On se souvient d’une vieille dame battue pas les autorités dans le secteur Bwishyura du District Karongi, à l’ouest du Rwanda, pour la simple raison qu’elle avait fait brouter sa vache à l’extérieur de son enclos. La pauvre femme veuve a dû vendre sa vache pour rembourser les frais des soins prodigués par les médecins qui ont réparé son bras cassé, or ce dernier avait été cassé par les autorités obéissant aveuglement aux ordres du FPR de Paul Kagame.

Il y a aussi le cas d’un certain George Safari, un citoyen du secteur Karangazi dans le district de Nyagatare à l’est du Rwanda, qui a été battu par un agent faisant partie des DASSO (District Administrative Security Support Organ), un des nombreux organes chargés d’assurer la sécurité au Rwanda. Ces agents sans scrupules tuent des gens tous les jours, sans être poursuivis par la justice. Tout cela est dû au fait que le Rwanda n’est en aucun cas un État de droit.

L’année 2021 a également été marquée par les atrocités commises à l’encontre d’une jeune fille et de son frère, tous ressortissants du secteur Cyuve, dans le district de Musanze, au nord du pays.  Pourtant, le secrétaire exécutif de ce secteur, M. Sebashotsi, a été limogé et transféré dans un secteur voisin en toute impunité. Nous ne pouvons pas ne pas citer les gens assassinés dans les cachots de la police à l’est du Rwanda, la plus grande province du pays gouverné par Emmanuel Gasana Rurayi, un général de l’armée de Kagame. Celui-ci a une expérience dans les massacres commis partout où il passe depuis l’attaque de FPR- Inkontanyi qui a eu lieu le 01 octobre 1990 jusqu’à nos jours.

Ça serait injuste de ne pas évoquer les jeunes hommes abattus par la police en pleine journée dans le secteur Busasamana du district de Nyanza au sud du pays, sous prétexte que ceux-ci avaient violé les mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19. Que dire des six civils innocents qui ont été tués en étant faussement accusés d’être des collaborateurs d’Abarembetsi ? Abarembetsi est un terme utilisé pour désigner un groupe de personnes qui traversent la frontière ougando-rwandaise pour apporter des produits non autorisés au Rwanda, comme la boisson alcoolisée connue sous le nom de Kanyanga. Il y a aussi le cas d’un jeune homme assassiné par les militaires en plein Kigali, plus précisément dans le quartier le plus peuplé, près de la gare routière de Nyabugogo. Il y a aussi un bon nombre de paysans abbatus à la frontière rwando-congolaise, à Rubavu, par l’armée rwandaise, pour avoir introduit des marchandises par voie illégale en provenance de la RDC.

L’année 2021 a également été marquée par les actes abjects du secrétaire exécutif du secteur Muhondo, dans le district de Gakenke, dans le nord du pays, lorsque ce responsable sans scrupules a battu à mort un motocycliste qui n’avait jamais commis de délit.  C’est qui aggrave les choses est l’impunité dont ce mauvais dirigeant au service de Kagame bénéficie.

Ces dernières années, nous avons vu aussi le cas d’un jeune couple tué au district de Ngororero, dans l’ouest du pays, les circonstances de la mort exigeaient une enquêté mais l’autopsie a encore une fois conclu au suicide. Ces cas de suicide sont un phénomène au Rwanda. En effet lorsqu’une personne devient embarrassante pour le parti au pouvoir, le FPR, en exposant les mensonges ou les exactions du régime, la personne est assassinée et l’assassinat est maquillé en suicide ou en cas de tirs de riposte pour les forces de l’ordre. C’est le cas du Dr Emmanuel Gasakure qui fut médecin du président Kagame, celui de célèbre chanteur Kizito Mihigo connu pour ses chants gospels et ceux qui prônaient la culture de la justice et du pardon. Il a été assassiné au bureau de la police, le régime sanguinaire et dictatorial a menti qu’il s’était suicidé.

Ces cas d’assassinats maquillés ne peuvent pas être comptés. L’on se souvient ces derniers temps de la mort du Me Mukunzi à la prison de police de Kabuga, dans la ville de Kigali. L’on a assisté aussi à la mort de Rwigara Assinapol par un accident causé par les autorités comme sa famille a témoigné. Tel a été aussi le cas des entrepreneurs Rwabukamba tué à son domicile au district de Rwamagana à l’est du pays et André Kagwa Rwisereka qui a été coupé la tête à Butare au sud pays. Ce point doit attirer l’attention de ce qui investisse au Rwanda, c’est au risque d’y laisser leur vie.

Personne n’oubliera la mort tragique de deux personnes du clan Banyamulenge, Me Bukuru Ntwari et le jeune homme Dany. Les témoignages de leurs proches et circonstances de leur mort illustraient le modus operandi du régime pour éliminer les innocents mais les expertises faites par le RIB ont affirmé les cas de suicide et ont classé les dossiers.

Au Rwanda lorsque l’on parle des injustices il n’y ’a pas que la mort ou la prison. Le peuple est tué à petit feu soit par la faim ou l’appauvrissement programmé de la classe populaire moyenne en vue d’éviter une révolution comme cela s’est passé en 1959.  Par exemple le peuple de Kamembe a été escroqué par la sœur de l’ancien maire du district de Rusizi, Kayumba Ephrem, ce dernier a intervenu en faveur de cette dernière.

Les habitants sont expropriés de leurs terres au profit de l’oligarque qui concentre le pouvoir au Rwanda. C’est le cas d’Eugénie Nkundabanyanga, emprisonnée à la prison centrale de Mageragere suite aux fausses accusations inventées par un chairman du FPR dans le secteur de Gatenga au district de Kicukiro, dans la ville de Kigali. Cette veuve de plus de 70 ans, tutsie, rescapée du génocide qui a emporté son fils, une fausse victime du génocide selon le narratif du FPR car hutu, est accusée d’avoir participé au génocide dont elle est rescapée. En réalité son seul crime est ses biens fonciers convoités par ce chairman du FPR au nom de Karangwa Charles.

Rendons hommage à tous ces vendeurs à la sauvette qui perdent leur vie sous les coups des forces de l’ordre rwandaises.

En termes de violences faites aux plus démunis, la mort de la vendeuse à la sauvette Théodosie Uwamahoro a marqué beaucoup de Rwandais. Elle a été battue à mort et traitée de « saleté » par les forces de l’ordre, à Nyabugogo.

La justice rwandaise n’est pas impartiale, elle est appliquée selon les instructions données par un petit groupe de personnes et pour leurs intérêts. C’est une justice qui ne punit pas qui de droit, par exemple les personnes impliquées dans la disparition forcée du célèbre poète Bahati Innocent et au contraire qui met en prison des innocents, par exemple la décision judiciaire du 30 décembre 2021 punissant les jeunes qui ont célébré l’obtention de leur bac en déchirant leurs uniformes et matériels scolaires d’une lourde peine de 5 ans d’emprisonnement et une amende de 5, 000,000 FRW chacun. Le juge a-til pensé à l’avenir de ces jeunes ?

Le fait que les figures d’autorités au Rwanda soient de plus en plus des zombies répondant aux ordres du parti unique et éloignés de la réalité du peuple est un signe portant l’espoir de la chute proche du FPR. Les occidentaux, parties prenantes du malheur qui est arrivé au Rwanda, les Nations-Unies qui brillent par leur silence et leur soutien indéfectible au régime du FPR, n’auront aucun rôle dans le changement qui viendra du peuple, il viendra de chaque Rwandais qui va se lever pour lutter et défendre ses droits et ce peu importe les moyens qu’il utilisera et le prix à payer. Kizito Mihigo, Boniface Twagirimana, Idamange Iryamugwiza Yvonne, Aimable Karasira, Bahati Innocent et beacoup d’autres nous ont montré l’exemple à suivre. Nous leur rendons hommage.

Ecrit par

Alice Mutikeys

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