Rwanda : les agents de l’insécurité, patrouille de la terreur.

Ce fin novembre 2024 les habitants de Binunga, un bidonville de la ville de Kigali, ont affirmé à TV1, être battus à mort par les agents de la patrouille de sécurité. Terrorisés et craignant d’y laisser leur vie ils lancent un appel à l’aide pour que les agents de sécurité soient formés à comment « battre professionnellement une personne ».

Chargés d’effectuer la ronde, en kinyarwanda l’« Irondo ry’umwuga » ou « Irondo », les agents sont des civils mandatés « choisis » par la population et  mandatés par les autorités pour faire la patrouille, ils portent les armes blanches. À Binunga de leurs victimes agonisent dans leurs maisons sans assistance médicale, d’autres sont devenus physiquement inaptes suite aux coups reçus ayant causé de blessures graves comme ils l’expliquent aux journalistes de la TV1 : « Dans la nuit du 23 novembre, j’ai été battue à mort par les troupes d’Irondo je venais d’attraper un voleur du quartier », affirme Gaudence Ndayishimiye, une femme âgée de 25 ans habitant à Binunga depuis 10 ans. « Leur chef donnait des ordres pour que je sois battue de plus en plus en disant qu’il se rendra au bureau de autorités locales pour fournir des explications », a-t-elle continué. « Ils m’ont déposée par terre et ont déchiré tous les vêtements que je portais je ne les ai pas lavés pour garder des preuves », a-t-elle poursuivi. Ndayishimiye n’a pas beaucoup de moyens, elle n’avait donc pas reçu de soins médicaux, elle expliquait avait fait recours auprès des autorités locales sans succès. Dans son témoignage elle affirmait ne pas être un cas isolé en expliquant  avoir vu les agents de sécurité battre un certain Donat du même village qu’ils ont cogné la poitrine et les membres.

Gaudence Ndayishimiye

Un autre jeune garçon d’une vingtaine d’années déclarait avoir été frappé par la patrouille dans la nuit du 22 novembre 2024 : « Ils m’ont battu et ont déchiré tous les habits que je portais… Mes amis qui me tenaient compagnie en sont témoins », affirmait-il. « Je suis connu ici car je suis vendeur des pommes de terre, tout le monde le sait. À l’heure où nous sommes, même si je suis devenu invalide mes bras sont paralysés, le résultat est que je ne peux plus exercer mon métier car je ne peux plus lever mon bras droit alors que c’est celui que j’utilisais dans mes travaux quotidiens », conclut-il.

Devenu invalide suite aux coups reçus

Les habitants du village de Binunga affirment que c’est un problème général, ils le disent que les gens qui subissent cette violence sont nombreux. Ils accusent le chef de la patrouille d’être à l’origine de cette violence car il serait protégé au plus haut niveau. « C’est bien lui qui donner les ordres de battre des innocents », affirment-ils.

Ces habitants disent que le problème devient de plus en plus sérieux et demandent de l’aide car ils risquent la mort suite aux coups et blessures graves. « Ils ont un rôle dans le climat d’insécurité qui règne alors qu’ils sont chargés de la sécurité, ce sont eux qui battent les habitants de ce village », affirme une femme d’une trentaine d’année. Un autre témoignant est un homme âgé d’une quarantaine d’années qui dit avoir été attrapé et a crié à haute voix. La patrouille l’aurait confondu avec un voleur alors que c’était invraisemblable. « J’étais en compagnie d’un ami et cette troupe d’Irondo, après nous avoir battus et fracturés un peu partout, a pris nos téléphones et nous a emprisonné dans une petite maison servant comme poste d’Irondo. C’est très honteux », déclare-t-il.

Pour résoudre ce problème, la population demande aux autorités locales de former les membres d’Irondo avant d’entrer dans leur service. Un habitant dit que cette troupe doit être entrainée sur la façon de battre les innocents et non les battre à mort. C’est comme si la population accepte ces peines non légales pour ne pas risquer la mort.

Interrogé par les journalistes de la TV1 le responsable du village de Binunga, Sylvère Nsanzimana, nie toutes ces accusations. Quant à la mairie de la ville de Kigali, Emma Claudine Ntirenganya, la porte-parole de la mairie, dit que l’Irondo est composé par les membres choisis parmi les habitants du village et par eux-mêmes ; et par conséquent, la population doit respecter cet organe et s’il y a un cas de violation des droits humains, la victime est appelée à porter plaintes auprès d’ autorités locales. « Nous observons souvent les gens qui veulent s’opposer à cet organe de sécurité et dans quelques cas, les membres d’Irondo utilisent une force excessive. Nous poursuivons tous ces cas hors la loi. Si les droits humains sont bafoués, la victime n’a qu’à porter plainte aux autorités locales proches », éclaire la porte-parole de la mairie de la ville.

Ceci constitue un défi majeur car, même si les conventions internationales en matière des droits de l’homme ont incité les États à inscrire les normes qu’elles consacrent dans leurs constitutions et d’autres textes législatifs nationaux, le gouvernement oppressant mis en place par le FPR s’estime au-dessus de tout car année après année les rapports des organisations qui militent pour le respect des droits de l’Homme pointent du doigt les autorités rwandaises et aucune sanction n’est prise, bien au contraire les occidentaux adulent le FPR et le désormais nommé le Hitler d’Afrique Paul Kagame.

À part ces violations physiques et corporelles, les Rwandais souffrent dans l’acceptation et dans le silence. Ils peuvent être expropriés du jour au lendemain, sans aucune indemnité, sous prétexte qu’ils habitent des zones à risque, ces derniers temps Kagame s’est transformé en apôtre Paul en fixant lui-même la doctrine que les religions doivent suivre. Les pratiques de discrimination à l’égard des pauvres et autres groupes qui ne sont pas dans la ligne de l’unique parti, le FPR, sont monnaie courante au Rwanda. Ce paradis vanté par ceux qui n’y vivent pas est un enfer et une prison à ciel ouvert pour ceux qui y vivent.

Alice Mutikeys

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