Censure à la française : Quand la Hidalgo cède à la pression de Kigali

Le 25 mars 2025, la Mairie de Paris a demandé au préfet de police d’interdire le concert « Solidarité Congo » prévu pour le 7 avril à l’Accor Arena. Cette décision fait suite à une pression croissante du pouvoir de Kigali via l’ambassade du Rwanda en France, ainsi que des associations proches de ce même pouvoir, telles que la communauté rwandaise en France. Mais cette demande d’interdiction soulève plusieurs interrogations : sommes-nous en train d’assister à l’importation de la censure qui sévit au Rwanda dans nos rues parisiennes ? Et pourquoi, en France, un concert devient-il un motif suffisant pour invoquer des troubles à l’ordre public ?

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Cette pression, exercée par des associations proches du pouvoir rwandais, soulève un problème majeur : celui de la liberté d’expression en France. En tant que maire de Paris, Anne Hidalgo semble aligner la politique municipale avec les intérêts d’un gouvernement étranger, connu pour être une dictature sanguinaire. En demandant l’interdiction de ce concert par crainte de troubles à l’ordre public, n’introduit-elle pas un précédent où des événements peuvent être annulés sous la pression extérieure ? En France, où la liberté d’expression et la libre organisation d’événements culturels sont des principes fondamentaux, sommes-nous prêts à tolérer cette forme de censure venue de l’extérieur ?

La communauté rwandaise de France (CRF) a annoncé qu’elle organiserait une manifestation à Bercy le jour même du concert. Son président, Christophe Renzaho, est allé jusqu’à affirmer que la commémoration du génocide au Rwanda passerait au second plan, déclarant : « Le 7 avril, on annulera toutes nos activités de commémoration et on sera tous devant Bercy (où se situe la salle de concert, NDLR) pour manifester. » Cette déclaration, rapportée par TV5 Monde, est choquante et témoigne d’une instrumentalisation de la mémoire des victimes du génocide. Il devient évident que, pour certains, la priorité n’est pas la commémoration des vies perdues, mais bien d’empêcher le déroulement d’un événement qui ne leur convient pas. Cette attitude doit interpeller le préfet de police sur les mesures à prendre pour garantir la sécurité de toutes les personnes qui souhaiteront assister au concert dans un climat apaisé.

Si la préfecture de police cède à la pression du pouvoir rwandais, il est légitime de se poser la question suivante : si l’on commence à annuler des événements culturels ou sportifs sous prétexte de troubles à l’ordre public, jusqu’où cela pourrait-il aller ? Peut-on imaginer qu’un match de football entre le PSG et l’OM, par exemple, soit annulé sous la pression de groupes ou d’intérêts extérieurs ? Cette dérive met en lumière un dilemme important : devons-nous sacrifier la liberté d’expression, le droit à la culture et à la convivialité au nom de la tranquillité publique ? À quel prix sommes-nous prêts à faire ce sacrifice ?

L’interdiction d’un concert sous la pression de groupes étrangers et la crainte de troubles à l’ordre public soulève des enjeux fondamentaux pour la démocratie en France. La liberté d’expression, le droit de se rassembler et de célébrer des événements culturels doivent être préservés face aux pressions politiques extérieures. Céder à cette pression serait un précédent inquiétant, qui pourrait bien ouvrir la voie à une série d’interdictions arbitraires, affectant la vie culturelle et sociale du pays. La France, terre de liberté, saura-t-elle préserver son équilibre face à de telles tentatives d’instrumentalisation ?

Alice Mutikeys

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