Cela fait plus de 13 mois que Jean Bosco Nkusi chargé de mobilisation au sein du Rwanda Platform for Democracy-RPD, un mouvement d’opposition fondé par le Dr Christopher Kayumba , a été illégalement arrêté et emprisonné. Le Dr Kayumba est lui-même détenu au Rwanda depuis le 09 septembre 2021.
M Nkusi a d’abord été porté disparu, Christopher Kayumba l’a cherché au sein de la police et du Bureau Rwandais chargé de l’investigation (le RIB) qui ont répondu qu’ils ne savaient pas où il était. Peu après le RIB l’a paradé. Les charges dont il est accusé ont changé au fil du temps. A ce jour il est poursuivi pour :
- Avoir créé et faire partie d’un groupe terroriste (un crime commun pour tous les prisonniers politique ou d’opinion),
- Vol avec l’utilisation de la force,
- Avoir usurpé un métier et un diplôme.



Selon les dernières information[1] Nkusi est enfermé dans une cellule très étroite qui ne lui permet pas de pouvoir bouger ou s’allonger. Cette torture est pourtant une amélioration par rapport à la situation précédente lorsqu’il était enfermé dans une tente et subissait la météo : les fortes températures pendant la journée, les températures froides pendant la nuit et la pluie. Sa famille et proches ne peuvent pas lui rendre visite tant que l’enquête est toujours en cours pour ne pas l’entraver. Dans son petit cachot il continue de subir la météo. Ses conditions d’enfermement ont des conséquences sur sa santé mais il lui est interdit de se faire soigner.
Selon son avocat Me Ntirenganya Seif : « Son audience aurait dû avoir lieu le 15 avril 2022, elle a été reportée au 27 avril 2022 et après à une date ultérieure qui n’a pas été fixée ». Sur les conditions de détention de son client, il a répondu que : « Il m’a dit être enfermé dans des conditions inhumaines, il a été relogé de la tente pour une petite cellule qui ne lui permet pas de pouvoir dormir et la pluie tombe sur lui. Cela fait longtemps que je ne lui ai pas rendu visite mais la dernière fois que j’ai été, il m’a dit que l’on lui jetait de la nourriture qui a mal tourné et ce aux heures décalées, il ne boit pas de l’eau pour ne pas aller aux toilettes alors que ceci lui est interdit, il a le droit d’aller aux toilettes seulement une fois par jour, le matin, il souffre de la déshydratation ». Il a aussi exprimé son impuissance face aux conditions de détention de son client : « Lorsque nous les évoquons le tribunal nous répond que nous n’en avons pas les preuves. Le plus triste est qu’il n’a pas encore les autorisations pour se faire soigner, sa santé est en danger, la mauvaise nouvelle peut tomber à tout moment, en tant qu’avocats nous ne pouvons rien faire car nous ne se sommes pas autorisés à entrer dans la prison et voir où les prisonniers dorment ».
Me Ntirenganya déplore aussi la malhonnêteté du fonctionnement du tribunal. Il a dit que le tribunal leur avait fixé l’audience le 14 avril 2022 mais le secrétariat du tribunal leur a informé que l’audience était reportée. Le jour J ils ont été étonnés d’apprendre que leurs clients avaient été forcés de plaider sans la défense.
Une autre difficulté pour Jean Bosco Nkusi est qu’il n’a pas la possibilité d’écrire au tribunal pour pouvoir faire appel. Dans la mesure où il est placé dans l’isolement, il est en contact avec un seul gardien de la prison or ce dernier le prend pour « un ennemi » et ne lui autorise pas à écrire une lettre pour faire appel de la décision du tribunal de lui avoir forcé à plaider sans son avocat alors que la loi rwandaise l’interdit.

Nkusi est placé en isolement depuis le 18/10/2021 sur décision de la prison. Rappelons que Nkusi en est toujours au stade de la détention provisoire qui aurait dû durer 30 jours selon la loi rwandaise. Il fait partie de 20% des prisonniers qui purgent une peine longue durée alors qu’ils sont toujours présumés innocents et sont dans la phase « détention provisoire ». Tout comme le Dr Christopher Kayumba, il fait partie de la longue liste de prisonniers politique ou d’opinion dont le seul tort est d’avoir exprimé ce qui ne va pas dans le pays. Le FPR, un parti extrémiste et sanguinaire qui monopolise le pouvoir au Rwanda depuis 1994, répond aux critiques en assassinant, en emprisonnant ou en forçant à la disparition.
C’est qui est étonnant est que le FPR, un parti politique dorénavant comparé au NAZI, a le permis de tuer, de bafouer les lois internationales et nationales… et la bénédiction de la communauté internationale.
Alice Mutikeys
[1]https://www.abaryankuna.com/nkusi-wo-mu-ishyaka-rya-dr-christopher-kayumba-afunze-bunyamaswa/